My Life
« in the end, it's not going to matter how many breaths you took, but how many moments took your breath away. »
Flash backJe réprime à grande peine l'envie de me fracasser la tête sur les murs pour chasser les images qui envahissent mon esprit. Pour l'avoir déjà essayée, je sais que cette méthode n'est pas efficace et fait beaucoup plus de mal que de bien. Je me recroquevillai en petite boule sur le plancher froid de béton et les larmes commencèrent à couler sans que je ne puisse rien y faire. Ce sentiment d'impuissance me broie les entrailles. Après une dernière image, celle d'une fillette courant dans un champ de fleurs, un sourire sur son visage, visiblement heureuse, ce fut le néant total. Un sentiment d'étouffement : voilà ce qui me ramène à la réalité. J'avais la désagréable sensation comme d'un poids contre moi et des mains m'agrippant la gorge. En ouvrant les yeux subitement, j’essayai en vain de prendre une bouffée d'air pour mes poumons qui en manquaient cruellement.
Puis, aussi soudainement que tout est arrivé, plus rien. Respirant avec difficultés, je me rappelais que ce n'était pas la première qu'une telle situation se produisait... Est-ce que je devenais folle ? Ou étais-ce seulement des vestiges de mon malheureux passé ? Je préférais certainement la deuxième option, mais je savais qu'au fond de moi, c'était un doux mélange des deux. Je m’installai en position fœtale sur mon lit et, épuisée, sombra rapidement dans un sommeil réparateur, cette fois-ci.
***Flash back Je regarde la lune et m'imagine que toi aussi, d'où tu es, tu la regardes... Petit croissant blanc, j'essaie de chasser les pensées malsaines qui me viennent à l'esprit à chaque fois que je pense à toi. Je sens une larme me couler sur la joue, un sanglot me prend la gorge, mais j'essaie vainement de les ignorer. Je me laisse finalement aller contre le tronc d'arbre derrière moi. Je n'ai pas le choix de reprendre le contrôle de moi-même, je suis à l'extérieur du bunker ; pour une des rares fois où je m'y risque, je ne dois pas me faire prendre.
***In realLa bibliothèque : l’endroit où j’ai passé le plus clair de mon temps depuis que j’ai commencé mes études en médecine. C’est aussi l’endroit qui me permet d’oublier tout le début de ma vie et n’en garder que les meilleurs souvenirs.
Je me souviens de l’heureuse petite fillette que j’étais auparavant. J’aimais tout le monde, particulièrement mes parents. J’étais la parfaite petite fille à papa, jouant dans les fleurs et confectionnant des petits présents lui faisant plaisir. Dans mes plus lointains souvenirs, je n’étais pas une enfant difficile, je pouvais facilement m’amuser seule avec mes jouets, lorsque mes parents n’avaient malheureusement pas le temps de me consacrer quelques minutes.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin : aux alentours de mes douze ans, alors que je commençais tout juste à entrer dans la puberté. Hé oui, ils m’ont mis en dehors de la maison, parce qu’ils avaient peur de l’horrible personne qui se cachait en dedans de moi. J’avais un pouvoir, celui de me camoufler comme un caméléon. Mes parents ne comprenaient pas comment grandiose pouvait être. Ils ne voyaient que la différence. J’étais différente d’eux, alors je ne pouvais pas valablement rester avec eux, j’étais d’une autre race et ils étaient supérieurs à moi. Ils considéraient que ce pouvoir était une malédiction et que pour cela, je ne pouvais rester avec eux.
Je me retrouvais à l’âge de douze dans la rue avec seuls biens m’appartenant les vêtements que je portais. Grâce à ma grande débrouillardise, je réussis néanmoins à survivre. En effet, plus d’une semaine après avoir erré dans les rues, je fis une rencontre fortuite. Je rentrais de plein fouet dans une femme au coin d’une rue. Celle-ci, découvrant une enfant avec des vêtements sales et un visage émaciés, ne put se résoudre à l’abandonner à son sort.
Son nom était Isabella, elle était la plus belle femme que j’avais vue de ma vie. Elle avait les cheveux d’un blond miel, une peau de pêche et une grande générosité. Elle me permit d’avoir un foyer où les différences ne sont rejetées. Isabella avait aussi un enfant dont elle s’occupait seule du nom de Logan.
Les années passèrent tranquillement, me permettant ainsi de me développer comme une rose. À mesure que nous vieillissons, Logan et moi étions de plus en plus proches, si bien qu’à un moment nous sommes devenus complètement inséparables. À la fin de nos études secondaires, nous nous sommes inscris tous les deux dans le programme de médecine, nous avions tous les deux le même but : rendre ce monde meilleur.
Malgré le fait que mon pouvoir était une partie intégrante de mon être, je ne cherchais pas à en faire usage à outrance. Au contraire, j’essayais même d’éviter le plus possible de m’en servir, si bien que Logan et sa mère oubliaient parfois qu’il existait.
Les années d’études en médecine furent les pires de toute ma vie, mais en même temps les meilleures : Logan et moi passions le plus clair de notre temps ensemble à étudier et il me déclara finalement sa flamme. Les quatre années d’études passèrent rapidement et on se retrouva aussi vite dans un hôpital à pratiquer nos premiers touchés rectaux. Que de joie… !
La scène qui transforma radicalement ma vie se déroulait dans un café, alors que mon amoureux et moi relaxions après avoir passé seize heures entre les quatre murs blancs. Notre prochain quart ne commençait que dans six heures, nous avions amplement le temps. Par malheur, le café dans lequel nous nous trouvions fut victime d’une attaque de séraphins. Je fus gravement blessée et laissée pour morte après le départ des séraphins. Logan a eu moins de chance que moi, il avait servi de rempart à mon corps pour me protéger.
Les premiers secours arrivés sur les lieux furent des mortel-x. Reconnaissant en moi un bon potentiel par mon pouvoir, ils me prirent sous leurs ailes. C’est ainsi que je me réveillai plusieurs semaines plus tard, le corps contusionné et bandé de partout. J’avais été dans le coma pendant tout ce temps, mon cerveau avait subi tellement un gros choc qu’il s’était complètement détaché de la réalité pour guérir tranquillement.
Je n’appris pas tout de suite que Logan était partit pour un monde meilleur, c’est seulement après l’avoir demandé plusieurs fois qu’ils me révèlent enfin la vérité. Mon cœur se brisa en mille morceaux et je me refermai lentement sur moi-même. Les jours passèrent, mon corps se guérit tranquillement, mais mon esprit demeurait fracassé.
Toutefois, comme la Terre n’arrête pas de tourner pour un seul être humain, je pris mon courage à deux mains pour retourner à l’hôpital. Ils constatèrent cependant mon état de déprime avancé et me renvoyèrent à la maison jusqu’à temps que je sois en état de fonctionner normalement. C’est compréhensible, ils ne voulaient pas non plus avoir un tas d’erreurs médicales sur les bras.
Alors, me voilà, comme une loque humaine, à me balader dans la bibliothèque pour me remémorer mes souvenirs passés avec mon amour disparu à jamais. Jeune romantique délaissée, je ne pensais qu’au passé, ne laissant aucune place à l’avenir.