Hold onto this lullaby [PV Kurt]

La journée avait été éclatante. Le soleil qu’eu plomber sur la neige l’avait fit fondre lentement. Plus tôt ce matin, il avait pleut et une odeur rouillâtes envahissait les quartiers. Je me promenais dans le secteur sud de Withinghall ne sachant où je m’en allais. Mon soulier terrassait des cailloux au passage. L’astre de feu s’était éclipsé pour laisser son compagnon, l’astre au front d’argent, prendre place. La lune se levait tranquillement, sans hâte. Je regardais autour de moi, séraphin? Célestins? Mortel-X? Tout cela n’avait aucune importance, du moins pas ici. La guerre n’avait pas touché cette veine sensible de la ville. Je portais sur moi un pauvre coupe-vent blanc, un t-shirt en dessous de ce dernier et un jeans bien simple. J’avais l’habitude de me battre, plus j’étais accoutré d’un habillement léger, plus je me battais merveilleusement. Bien que je n’étais pas sous une mission quelconque, on ne savait jamais sur qui l’on pouvait bien tomber.

Je passais à coter de l’hôpital où je voyais plusieurs personnes blesser faire la file pour recevoir des soins. Les médecins courraient entre eux. Cela ne semblait pas facile. J’aurais aimé pouvoir les aider, mais j’en étais incapable. Après tout, je n’étais pas un esculape. Puis, je n’avais presque jamais été dans un hôpital, sauf une fois. C’était normal, je guérissais en moins d’une minute. Mais la seule fois où je m’étais rendu dans cette institution c’était par cause d’overdose. Eh oui, je n’avais pas toujours été le petit Camille tout mignon au passé lugubre qui avait la capacité d’autoguérison. Mais je ne regrette pas d’avoir plongé dans la drogue. Cette overdose m’avait permis de rencontrer mon premier et réel amour. Il restera à jamais dans mon cœur, même s’il n’est plus de ce monde. Juste à penser à sa mort, un feu s’alluma dans mes poumons et je toussai sèchement. Un passant se retourna, me dévisagea puis continua son chemin. J’avais envie de lui crier d’aller se pendre, mais je me retins.

Je continuai, à mon tour, mon chemin. Puis, un peu plus loin, je m’arrêtai encore. Mon regard s’était suspendu sur mon reflet qui s’évadait sur la glace d’un magasin. Je m’approchai et je pus mieux voir mon visage. C’était comme si je ne vieillissais pas. Je ne voyais pas les rides autour de ce dernier, était-ce à cause de mon pouvoir? Je ne le savais pas. Mais, je rayonnais de vie. Même si j’étais fatigué, ma peau n’en subissait pas les termes et conditions. Puis, mon image s’éclipsa et je pus voir que le magasin était en fait un café. De suite, j’entrai dans le bâtiment et je filai vers la caisse. Je me commandai un café deux crème, un sucre et j’allai m’assoir à une table éloigner. Lorsque je sirotai mon café, je vu un autre homme entrer. Nos regards s’attachèrent puis il brisa le lien en se dirigeant vers la caisse. Il m’attirait. Je baissai les yeux sur mon café pour ne pas trop attirer l’attention bien que j’aurais aimé aller voir cet homme, disons-le, séduisant.

La nuit dernière j’avais fait un rêve. Je m'étais réveillé en sursaut, transpirant d’angoisse tellement les émotions que traversait ce songe m’était fort. Je marchais à travers ma maison. Je franchissais les escaliers d’un pas lent et pourtant si poétique. Je souriais, j’étais tout ouïe de ma vie, le soleil traversait les carreaux et rendait l’atmosphère douce et agréable. Mais… Arriver à la dernière marche de ce fichu escalier mon père arriva juste devant moi. En un fragment de seconde il tendit ses bras pour me pousser au niveau de mon torse. Pendant ma chute aussi longue que périlleuse il rigolait d’un bruit sourd, il hurlait de joie, il riait à tue-tête. Le son de ses rires me perçait les oreilles, je voulais disposer mes mains sur celles-ci, mais je me fracassais marche après marche. L’escalier devenait interminable. Et mon père me regardait toujours avec un rire sournois, comme si j’étais réduit à un simple objet. Comme si je ne valais plus rien. Je descendais chaque rang de ce monde et je me retrouvais dans l’ombre. Plus je descendais plus la lumière se faisait rare, je sombrais dans un trou noir ou vivre n’était pas bon signe. Ma vue s’affectait, mon paternel réduisait au fur et à mesure que je descendais… Puis, soudainement, j’entendis un bruit de fracas… Je ne sentais plus mes jambes, ni mes mains et encore moins mes doigts. Ma chute s’arrêta sur un faisceau de lumière. Il ne restait plus que ça afin d’apercevoir une légère trainer de sang qui s’écoulait de mon crâne. Je venais de mourir. Mon père m’avait tué. Les choses s'étaient inversées… J’avais peur à présent. Quelques jours plus tôt c’était moi qui avais tué mon père accidentellement… ou plutôt par légitime défense. Il ne faisait que de me réduire à zéro avec ses coups. Pendant qu’il me frappait les sensations était identique que celles de mon rêve lorsque je tombais des escaliers.
Ma journée fut désastreuse, tout d’abord arrivé dans les bureaux sombres du centre-ville de Withinghall mon supérieur hiérarchique me Prit la tête pour avoir oublié de remplir un dossier la veille. Ce dossier n’était pas du tout important il devrait être délivré dans une semaine. Alors, les sauts d’humeur de mon entourage me mettaient dans un état mental plus que désagréable. Il fallait vraiment que j’oublie ma journée et que je me détente. Malgré, que dehors la joie ne régnait pas en maitre. Je ne voyais qu’un quartier pour ne pas être à l’affut de quiconque viendrait me chercher du tort, je n’avais pas forcément encore envie de tuer quelqu’un par légitime défense.

Enfin arrivé dans les quartiers Sud… je dévalais une petite pente avec mon manteau que j’avais hissé jusqu’au haut de mon cou. Même si le soleil avait tapé toute la journée le temps se refroidissait. Alors, je flânais dans ce coin de la ville. Au début je comptais aller dans un petit parc en attendant que je soleil se couche définitivement et rentrer voir ma mère bien après. Mais à ce moment même j’avais envie de rien, je pouvais marcher pendant des heures sans ne me trouver aucun buts, sans destinations. Je trainais les pieds pendant que les immeubles du centre-ville dévoraient les rayons du soleil. Je regardait les passants en train de courir pour rejoindre leur maison, car même par ici c’était mauvais de trainer la nuit. J’essayais d’oublier ce rêve qui m’avait affecté et ma journée qui m’avait désespéré, mais ce n’était pas chose facile. J’aimerais tant pouvoir effacer mon passé, tant qu’à faire preuve de regret et de désaveu. Mais j’avais peur que ça n’affecte mon avenir. Si seulement je pouvais accepter les choses qu’il m’a fait subir. Tête baissée je pensais. Je ne pouvais faire que ça de toute façon. Puis, du coin de l’œil une lumière attira mon attention, je sentais la chaleur que dégageait ce commerce sur ma joue. Je levai la tête pour voir le nom de ce « bar ». Je ne savais plus trop quoi faire : Y rentrer puis boire un café tout simplement, mais être entouré de personnes que je ne connais pas et qui pourtant me permettrai de me sentir moins seul, ou, continuer mon chemin ? Mon choix était déjà fait. Je franchisais la porte vitrée du coffeeshop à l'instant. L’endroit était plutôt chaleureux, peut-être que j'allais rester un peu plus longtemps que ce que je m’étais fait en tête. Je regardais autour de moi pour voir à qui j’aurais à faire dans ce café avant même d’aller m’adresser aux serveuses postées derrière la caisse. Nos yeux s’entrechoquèrent. Cet homme avait de si beaux yeux. Il était assis seul dans un coin de cette salle en train de boire ce café. Comment se faisait-il qu’il soit seul ? Je ne voulais pas qu’il remarque que je m'étais attardé sur lui. Je tournais immédiatement la tête et me dirigeai vers la caisse. En espérant que son regard son tourné vers moi. Si j’aurais su que je verrais un si bel homme dans ce café je serais venue bien plus tôt. « Un allongé s’il vous plaît. » commandais-je à la caissière. Puis, je balayais la salle du regard pour choisir une table. Il y avait une table de libre à coté de ce charmant jeune homme. Tandis que la plupart des autres étaient déjà prises. Du moins, celle qui m’intéressait était bien celle à coté de lui. Discrètement je m’avançais vers cette fameuse table et m'installais sur le siège. Puis sans savoir trop quoi faire je bu une gorgée de café… Je n’osais pas tourner mon visage de peur de voir sa réaction. Même si personne ne pouvait savoir à quel point je voulais lui adresser la parole, il fallait que je trouve un sujet complètement bidon pour débuter quelque chose : « Est-ce que je peux vous prendre un de vos sucres ?» en désignant une coupe avec plusieurs dosettes de sucre sur sa table « Je sucre toujours un peu plus que la normal » disais-je légèrement embarrassé. Apparemment ce soir, je vais sans doute oublier ma journée en beauté.

Je fixai du regard la tasse que je tenais de mes deux mains. Le liquide caramel exhalait une petite fumer cendrée qui me captivait. Pas un moment je levai les yeux pour regarder l’homme. Je ne voulais pas me faire remarquer et pourtant… Et pourtant, le désir qu’il me remarque était rongeant. Cela faisait un bon bout de temps que je ne m’étais pas senti si gêner d’être à un endroit. Gêner d’être bête et de ne pas savoir ce qu’il allait se passer dans les prochaines minutes. Je sentis quelqu’un s’installer près de moi. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite. J’espérais que le sang qui courrait dans mes veines ne se rend pas jusqu’à mes joues. Je tournai la tête délicatement pour voir que c’était bien Lui qui s’était assis à la table près de la mienne. Je le fixai un instant. Il avait un visage intéressant. Ses yeux avaient une forme triangulaire, il avait un petit nez bombé, des oreilles pointues et des lèvres un peu étriqués. Avant qu’il ne remarque que je le déchiffre du regard, je reposai mes yeux sur mon récipient. Même si je ne le regardais plus, son visage s’était imprimé dans mon esprit : un souvenir à jamais indélébile. J’avançai ma tasse de café à mes lèvres tout en crispant mes yeux. Le liquide était encore bien chaud et je faillis me brûler avec. Je redéposai le verre sur la table de bistrot en marbre ce qui fit un bruit sec et aigu qui s’imposa dans l’écho de la pièce. À cette heure, il n’y avait presque plus personne dans le café. Il y avait moi, Lui, un petit couple et trois hommes baraqués qui se disputaient sur un sujet quel qu’onc. J’essayai de tendre l’oreille discrètement pour comprendre ce que les hommes disaient :
« Je te le jure Elroy! J’ai pris ça tête entre mes deux mains et il a explosé comme ça BAM! »
« Roscoe… Je te l’ai déjà dit des milliers de fois! Tu as halluciné, j’ai parlé à Joaquin ce matin même et il m’a dit qu’il comptait aller faire un tour chez les célestins. »
« MAIS IL EST MORT JOAQUIN! »
« Hey les gars faits vous plus discrets. »
« Bon, comme je disais, on doit se rendre… »

Je fis soudainement couper dans mon écoute attentive. Je tournai la tête en faisant un minuscule saut. C’était Lui! Il me parlait! Je ne savais pas trop comment réagir. Je balbutiai quelques mots incompréhensibles pour lui accorder son sucre. Je pris la coupe ovale en verre qui contenait les sucres et je lui tendis. J’avais l’air d’un complet imbécile. Mes joues avaient pris une petite teinte coralline. Lorsqu’il eut pris ses quelques sucres, je redéposai l’objet devant moi. Il continuait la conversation alors que j’essayais de trouver quelque chose d’intelligent à lui dire pour me reprendre d’avoir ânonné. Je pris alors trois sucres supplémentaires à mon tour dont je versai le contenu dans mon café. Pendant que j’infusais le mélange grâce à ma cuillère j’engageai à mon tour la conversation. « J’ai entendu dire que le sucre c’était bon pour la santé. Prétendument que ça activerait certains neurones dans le cerveau qu’on n’arrive pas à faire activer nous-mêmes. » Je voulais lui dire quelque chose d’intelligent pas quelque chose d’intelligible. Bref, je tournai mon regard vers Lui et je souris de belles dents. Je repris mon café qui avait soudainement avoir l’air de s’être refroidi et je le portai à mes lèvres. J’avais bien raison, il était devenu tiède et je pus enfin en prendre une bonne gorgée. Une gorgée que je regrettai soudainement. Je reposai ma tasse en faisant mine de rien. Je ne savais pas pourquoi j’avais rajouté trois sucres puisque je l’aimais avec un seul sucre et que là dans ma tasse il y en avait quatre. Je me trouvai encore plus stupide. Puis, si je me fie à moi même : le sucre c’est bon pour la santé.

Je regardais par la fenêtre. La nuit régnait sur les passants. Plus personne ne s’aventurait à cette heure d’arpenter les rues. Je fixai le carreau un moment puis je revins à Lui. « Il fait quand même frais pour une soirée d’avril vous ne trouvez pas? » Je ne me rappelais plus réellement du mois d’avril de l’an dernier, mais il me semblait qu’il était bien plus chaud que celui de cette année. Je grattais du bout des doigts des morceaux de vieilles pâtisseries dont la serveuse n’avait pas pris le temps d’enlever. Elle parlait avec sa coéquipière d’un acteur qu’elles aimaient tant. Du coup, je pensai qu’elles étaient payées à ne rien faire. Pendant que je regardais ces deux filles-là, je me mis à pianoter doucement avec les doigts qui plus tôt nettoyaient la table en marbre. Lorsque je m’en rendis compte, je m’arrêtai subitement. C’était une mauvaise manie que j’avais prise avec les années. Je regardai l’Homme quelques secondes en souriant puis je tendis mon bras. « Je suis vraiment mal poli. Je n’ai même pas pris le temps de me présenter. Je m’appelle Camille Stanford. Et vous? Si cela n’est pas trop indiscret… » J’avais envie de lui demander quel clan il fréquentait, mais en même temps cela gâcherait toute la magie puisque je ne l’avais jamais vu chez les mortel-x donc cela me surprendrait de savoir que nous arpentions la même équipe. J’espérais qu’il ne me demande pas à son tour à quelle organisation j’appartenais, non plus. Rester dans l’anonymat de notre parti était toujours mieux. Une guerre au milieu d’un café ça ne serait pas idéal. Je savais que les trois hommes étaient des séraphins par leurs allures et que les serveuses étaient des célestines. Leurs regards innocents et le fait qu’elles se moquaient qu’il y ait autant d’hommes lors d’une soirée ordinaire à l’intérieur du café les trahissaient. Je souriais toujours à Lui.